Patrimoine immatériel

Patrimoine immatériel

Présentation

En 2007, la Principauté de Monaco a adhéré à la Convention de l’UNESCO pour la Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003 (P.C.I.). L’Institut du Patrimoine a pour mission de procéder aux inventaires du patrimoine culturel immatériel par la rédaction de fiches d’enquête élaborées avec le concours d’un expert de l’UNESCO. Ce patrimoine « vivant » implique une mise à jour régulière des fiches d’inventaire et l’identification de pratiques culturelles répondant aux critères de la Convention.

La loi n° 1.446 relative à la préservation du patrimoine national définit le cadre du patrimoine culturel immatériel. Ainsi, il comprend les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire, ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés. Il se manifeste dans plusieurs domaines, notamment les traditions et la langue, les arts du spectacle, les rituelles et évènements festifs, l’artisanat traditionnel. 
De nombreuses fêtes religieuses ponctuent le calendrier de la Principauté, tandis que la gastronomie ou encore la musique contribuent à son identité culturelle.

Fêtes et traditions religieuses

Fête de la Sainte-Dévote

Chaque année, les 26 et 27 janvier, est célébrée, en Principauté, la Sainte-Dévote. Cette jeune Sainte aurait été martyrisée vers 304, en Corse, par le consul romain Barbarus. Son corps aurait ensuite été placé sur une barque, venue s’échouer sur le rivage de Monaco, le 27 janvier.  Elle est, depuis lors, célébrée par les Monégasques et considérée comme la Sainte Patronne du pays. 

Les festivités commencent avec le 26 au matin, avec une messe en monégasque, suivie, en début de soirée, par une procession sur le port. Les reliques de la Sainte sont alors amenées par la mer et remises à un membre du clergé. S’ensuit le Salut du Très Saint Sacrement, dans l’église Sainte-Dévote, puis, ensuite, l’embrasement d’une barque symbolique par le Prince Souverain, sur la place devant l’église. Le 27 janvier, au matin, un messe est célébrée par l’Archevêque de Monaco, en présence du Souverain, puis une procession sur le Rocher est organisée, avec une bénédiction de la mer et de la ville. 

Procession du Vendredi Saint

Les Processions de la Semaine Sainte débutent le Jeudi Saint par la Procession de la Vierge Douloureuse. La statue en bois doré de la Vierge Marie qui est habituellement exposée dans la Chapelle de la Miséricorde est portée en procession par les Frères et les Sœurs de l’Archiconfrérie. Le cortège passe par les ruelles du Rocher pour se rendre à la Cathédrale pour l’office religieux de la dernière Cène au cours duquel, selon la tradition biblique, l’Archevêque procède au lavement des pieds des Apôtres.

Le Vendredi Saint, se déroule, toujours dans les ruelles du Rocher, la Procession du Christ Mort.

A la nuit tombée, les lumières du Rocher sont voilées et dans le recueillement de la foule la Procession du Christ Mort s’ébranle au son d’une musique funèbre jouée par la Musique Municipale.

Le cortège est organisé selon un ordre précis qui représente les différents tableaux de la Passion.

Les Frères portent l’aube blanche, le camail noir à soutache et boutons rouges avec une ceinture en cordon noir. Les Sœurs, elles, portent l’aube blanche, le camail blanc à soutache et boutons noirs, le voile et le cordon noirs.

Les autres participants portent des tenues rappelant les habits bibliques. Ils représentent, dans un ordre strictement établi, la Vierge et les trois Marie, les douze apôtres et les soldats romains, encadrant le reposoir du Christ mort porté par les Pénitents.

Le pèlerinage diocésain au sanctuaire de Notre-Dame de Laghet

Les pèlerinages nationaux témoignent du lien entre les fidèles monégasques et la Famille Princière. En 1876, par suite de l’amélioration de l’état de santé du prince Charles III, les fidèles monégasques se rendirent collectivement au sanctuaire de Notre-Dame de Laghet. La tradition se perpétue aujourd’hui. Chaque année le Ier mai, les fidèles sont invités à venir nombreux, autour de leur Archevêque et du clergé monégasque, en pèlerinage à pied à partir de Monaco.

Fête de la Saint-Jean

A l’origine une fête païenne, la Saint-Jean marque l’arrivée de l’été et célèbre aussi la nativité de Saint-Jean-Baptiste. Le 23 juin, sur la Place du Palais, une messe est célébrée en la Chapelle Palatine, consacrée en 1656 et dédiée à Saint Jean-Baptiste. A la fin de l’office, la Famille Princière assiste à l’allumage du « batafœgu », le feu de joie, sur la place du Palais, autour duquel la Palladienne performe des danses folkloriques. 

 Le 24 juin, la Saint-Jean se poursuit sur la place des Moulins, avec un deuxième feu de joie. La tradition veut qu’un petit garçon vêtu de l’habit de Saint Jean-Baptiste processionne accompagné d’un agneau, habillé d’une peau de mouton, évoquant les attributs du Saint sous la figure du berger. 

Le Saint-Jean Club, association traditionnelle monégasque créée au début du XXe siècle, perpétue la coutume de l’embrasement du bûcher. Monaco partageant cette tradition avec d’autres régions du monde catholique, le Saint-Jean Club participe ainsi à la Maintenance Provençale des Traditions et Feux de la Saint Jean. C’est la raison pour laquelle les feux de joie sont allumés grâce à la « Flamme du Canigou » jamais éteinte depuis 1963 et transportée dans une lanterne jusqu’à Monaco. 

Fête de la Saint-Roman

La fête de la Saint-Roman, le 9 août, serait célébrée depuis 1543, lorsque la relique du Saint fut envoyée à Monaco. Roman, soldat romain, fut décapité sous le règne de Valérien, le 9 août 258, pour avoir été baptisé par Saint Laurent. Devenu Saint Patron de Monaco, Saint Roman est célébré au travers de fêtes religieuses et populaires, organisées à partir du dernier samedi du mois de juillet. Ces fêtes, mêlant repas, chants et danses, se déroulent dans les jardins Saint-Martin et sont associées à des messes et des processions. Une grande messe est célébrée devant l’autel de la Saint Roman, en la Cathédrale, le 9 août, en présence de la Famille Princière.

Fête du Prince

La Fête du Prince est considérée comme la fête nationale de la Principauté. Elle est instaurée par le Prince Charles III, en 1857, le jour de la fête de son Saint Patron, à savoir le 4 novembre. Après sa mort, lorsque le Prince Albert Ier accède au pouvoir, la Fête du Prince est célébrée le 15 novembre, fête de la Saint Albert. 

Pour le Prince Louis II, qui devient Souverain en 1922, sa Fête est censée être célébrée le 25 août, période creuse dans la vie de la Principauté. Il décide alors, par Ordonnance Souveraine, que la Fête du Souverain soit déplacée au 17 janvier, jour de la Saint-Antoine, fête patronale de la Princesse Antoinette, sa petite-fille. En 1923, le Journal de Monaco commence à qualifier la Fête du Prince de « Fête Nationale ».

Lors du règne du Prince Rainier III, qui accède au pouvoir en 1949, la Fête Nationale est célébrée le 19 novembre, jour de la Saint Rainier. Son fils, S.A.S. le Prince Albert II a décidé de conserver la date du 19 novembre, au lieu du 15 novembre (jour de la Saint Albert), en mémoire de son père. 

Concernant son déroulé, la veille, un feu d’artifices illumine la Principauté, tandis que la journée du 19 est marquée par une messe solennelle dans la cathédrale Notre-Dame, suivie d’une remise des médailles. Un détachement de la police, des carabiniers ainsi que des sapeurs-pompiers, participent à un défilé et sont passés en revue par le Prince Souverain. 

Fête de la Sainte-Cécile

Sainte Cécile, Martyre romaine, est célébrée le 22 novembre. C'est au cours du Vème siècle que la popularité de Sainte Cécile prit naissance et se développa à Rome. Son nom figure dans les prières de la Messe. Selon Don Lanciarez, Curé de Monaco au XVIIIème siècle, la Sainte était la « Patronne des musiciens » à Monaco, mais on ne trouve aucune preuve documentée d’une telle pratique ou d’un culte particulier autour de la Sainte. Une certaine solennité à cette fête a été donnée à Monaco lors de la création de la Maîtrise de la Cathédrale par Monseigneur Louis-Lazare Perruchot, en 1930, et demeure la Fête Patronale des maîtrisiens et des artistes musiciens de la Principauté. Une statuette due à l’artiste Zagone trône à l’angle des rues Emile de Loth et de l’Eglise.

Sainte Patronne des musiciens, Sainte Cécile est fêtée en Principauté le dimanche suivant la Fête Nationale du 19 novembre. Une parade est organisée en ville, précédée d'une messe en la cathédrale. Tous les groupes musicaux officiels de Monaco sont présents. À l'issue de la parade, l'ensemble des groupes musicaux est accueilli en Mairie de Monaco pour célébrer la Sainte Cécile.

Fête de la Saint Nicolas

La fête de Saint Nicolas est commémorée le 6 décembre. Les Marins avaient pour coutume de se placer sous sa protection et une église lui fut dédiée sur le Rocher dès le 13ème siècle, à l'emplacement de l'actuelle Cathédrale.

De nos jours, c'est en tant que protecteur des enfants que son culte est perpétué, directement par le Comité National des Traditions Monégasques dont il est le Saint Patron, avec la participation de tous les jeunes écoliers de la Principauté et de la Mairie de Monaco. On peut admirer aujourd'hui en la Cathédrale, le retable figurant Saint Nicolas, qui se trouvait dans l’ancienne église ; ce retable a été peint en l'an 1500 par Louis Bréa.

La langue monégasque

La langue dialectale est considérée comme vecteur du patrimoine culturel immatériel. A côté de la langue officielle, il existe à Monaco "a lenga d'i nostri avi", la langue de nos aïeux. Celle-ci prend ses origines dans le Génois, mais elle a évolué au fil du temps, au gré de la rupture avec Gênes et des influences des parlers voisins.  Soucieux de préserver leur langue, quelques Monégasques fondent en 1924 ce qui allait devenir le Comité national des traditions monégasques  et s'attachent à mettre sur papier ce qui n'était alors qu'une langue strictement orale, dépourvue de grammaire et de littérature formelles. Dans cette optique de transmission, le Comité National des Traditions Monégasques organise des cours de langue monégasque, gratuit, pour adultes.

Pour les plus jeunes, c'est le Prince Rainier III qui décida, dès 1976, de rendre obligatoire l’enseignement de la langue monégasque dans les écoles primaires publiques dès le CE2. Elle est aujourd’hui obligatoire jusqu'en 3ème et devient une option facultative au lycée. Au mois de mai, un concours de langue monégasque est organisé par la Mairie de Monaco, pour tous les élèves du CM2 à la terminale. Les élèves les plus méritants sont récompensés lors d'une cérémonie de remise des prix  dans la cour de la Mairie en présence de nombreuses personnalités.

La gastronomie

La gastronomie monégasque, caractéristique de la région méditerranéenne, compte plusieurs mets, qui sont, bien souvent, préparés à l’occasion de fêtes religieuses. 

Le stocafí, ou stockfisch, est un plat à base de morue séchée, généralement préparé les vendredis, journée sans viande dans la région Chrétienne, en mémoire du sacrifice du Christ. Si le cabillaud vient des mers du Nord, le plat est adapté à la cuisine méditerranéenne, avec des oignons, des patates, de l’huile d’olive, des feuilles de laurier et des tomates.  

Appelée « pissaladière » à Nice, la « sardiná » est la variante monégasque. Préparée avec une pâte faite à base d’huile d’olive et de farine de blé, elle est recouverte par une purée de tomates, une mousse d’anchois, des olives et de l’ail. 

La fougasse monégasque est traditionnellement servie à Noël, en dessert, avec des grains d’anis rouge et blanc, aux couleurs de Monaco, et des dragées. La pâte est composée de farine, de vin blanc, de fleur d’oranger, de grains d’anis, d’huile d’olive, d’anisette et de rhum.

Le barbajuan est une spécialité monégasque, préparée traditionnellement durant la période du Carême, qui porte le nom de son présupposé créateur, Jean. C’est un ravioli frit, rempli de riz, d’œuf, d’huile d’olive, de parmesan râpé et de feuilles de blettes. 

La farinà, ou pannisse, est un plat composé  de farine de pois chiches et de l’eau salée, avec un peu d’huile. La pâte est ensuite découpée en lanières, qui sont frites dans de l’huile bouillante pendant 2 ou 3 minutes. Bien que la préparation soit similaire, la socca niçoise est, quant à elle, cuite au four. 

Le pan de Natale, littéralement pain de Noël, est, comme son nom l’indique, préparé à l’occasion des célébrations de la Nativité du Christ. De forme circulaire, le pain est décoré de 4 noix, disposées en forme de croix, et de branches d’olivier et d’oranger. Il est placé au centre la table à manger, et y reste, traditionnellement, jusqu’à l’Epiphanie.

La musique et les danses traditionnelles

L’association Cantin d’A Roca est une chorale créée au début des années 1990, qui chante à l’occasion des fêtes religieuses et populaires. Son répertoire de chansons populaires en monégasque comporte des chants comme Veni, Veni, ou Piamu Frescu, et entretien le folklore monégasque. 

Créée en 1921, la Palladienne est une association musicale qui perpétue l’héritage culturel de la Principauté, en participant à de nombreuses festivités populaires. Elle met en avant musiques et danses folkloriques, mais aussi le fameux costume traditionnel. Ce costume, à l’origine tenue vestimentaire des paysannes, est caractérisée par une jupe rayée rouge et blanche, une veste noire, un fichu brodé, un tablier rouge, et un chapeau en paille.