Espèces d'espaces
Présentation
Conférence organisée en partenariat avec l'Insitut Audiovisuel de Monaco
« Nous n’avons pas relu l’ouvrage de Georges Perec mais son titre nous revient quand il s’agit d’évoquer la notion d’espace dans nos films. Dans nos premières pratiques le cinéma c’était l’idée de quitter la maison avec une caméra pour aller filmer les grands espaces de la montagne, puis de revenir au foyer pour projeter sur les murs les images impressionnées. Le cinéma comme une fenêtre qui perce la familiarité des murs intérieurs pour y introduire un point de fuite, un lieu de rencontre... Entre l’intérieur et l’extérieur, le dedans et le dehors.
Et puis l’acteur, l’actrice sont arrivés. Où les placer ? Comment gérer le rapport, la relation du comédien à l’espace (naturel) qui l’entoure ? Le théâtre va-t-il avoir raison de l’authenticité de la nature environnante pour n’en faire qu’un décor, ou à l’inverse les espaces sauvages vont-ils offrir un nouveau point de vue sur le corps des acteurs qui y sont plongés ?
De La Brèche de Roland, où une famille est en permanence « dehors », sans refuge, à Peindre ou faire l’amour où la maison d’un couple est le vrai personnage principal, en passant par Les Derniers Jours du monde où l’anti-héros court de lieu en lieu à la recherche d’une « chambre impossible », jusqu’à l’explosion finale de L’amour est un crime parfait où le professeur de littérature fait enfin corps avec le paysage, nous allons revisiter ces « espèces d’espaces » que traversent ou habitent nos personnages. On découvrira que le « géographique » y prime souvent sur « l’historique », établit sa propre dramaturgie. On s’arrêtera enfin sur notre espace de prédilection : une terrasse de maison, au lever du jour ou à la tombée de la nuit, entre chien et loup. Sans doute pour nous le lieu de la scène cinématographique par excellence. Une scène éphémère ».
Arnaud et Jean-Marie Larrieu